La porte de la grande Mosquée des Omeyyades

Cette peinture monumentale est sans doute l'œuvre la plus sensationnelle représentant Damas de l'artiste orientaliste allemand Gustav Bauernfeind. L'exécution détaillée et l'utilisation vibrante de la couleur capturent vraiment l'attrait de l'Orient.

Alors qu'il dessinait le 2 décembre 1888 dans le bazar du coton ou “Sük el cottonil”, Gustav dut fuir la curiosité incessante de la population locale et escalada les toits pour esquisser en paix le minaret de la mosquée Galciye. L'emplacement élevé ne lui offrait pas la perspective souhaitée et bien que las de la foule, il décida de descendre. Lors d'une pause dans son travail, il a décidé de visiter la mosquée des Omeyyades pour la première fois. Son architecture monumentale lui fit une énorme impression et il écrit dans son journal : “J'ai découvert un sujet reconnaissant : l'entrée de la Grande Mosquée. Il sera difficile de le peindre. Si c'est possible, j'espère créer une belle peinture.” (G. Bauernfeind, Die Reise nach Damascus , p. 14)

La mosquée des Omeyyades, également connue sous le nom de Grande Mosquée, serait le site de construction d'un temple arménien dédié au dieu Hadad datant de 3000 av. Construit au 1er siècle après JC et à nouveau rénové sous Septime Sévère entre 193 et ​​211 après JC, le site abritait un temple romain dédié à Jupiter. Arcadius de l'Empire byzantin a restauré et converti le temple romain en une église chrétienne en le nommant l'église Saint-Jean (395-408 après JC) car il contenait un cercueil avec la tête de Jean-Baptiste exposée. Suite à la conquête arabe de la ville, Welid, fils d'Abd el-Melik et du sixième Ummayad Khalif, a entamé des négociations avec les chrétiens résidant dans la ville au sujet de l'achat de leurs droits sur l'emplacement. Les chrétiens ont cependant refusé de se séparer de leur Église, et elle leur a alors été enlevée. Le calife lui-même aurait dirigé le premier coup sur l'autel, comme signal de sa destruction, au grand chagrin des chrétiens. Il procéda alors, sans démolir entièrement les anciens murs, à l’édification d'une magnifique mosquée à l'emplacement de l'église. Ce bâtiment est loué de manière extravagante par les auteurs arabes, des génies auraient aidé à sa construction et 1 200 artistes auraient été convoqués de Constantinople pour l'aider. ... Des colonnes antiques ont été collectées dans les villes de Syrie et utilisées dans la décoration de la mosquée. Le dallage et les murs inférieurs étaient recouverts des marbres les plus rares, tandis que les parties supérieures des murs et le dôme étaient enrichis de mosaïques. Les niches de prière étaient incrustées de pierres précieuses et des vignes dorées étaient enlacées sur les arcs des niches. Le plafond était en bois incrusté d'or, et de celui-ci pendaient 600 lampes dorées. Des sommes astronomiques auraient été dépensées pour les travaux.

Bauernfeind a clairement été captivé par la Grande Mosquée. Dans le lot actuel, toute l'inspiration qu'offrait ce lieu de culte extraordinaire et historique va crescendo. Avec son souci du détail minutieux, il utilise sa peinture pour former une composition d'une réalité presque tangible. La beauté architecturale offrait à l'artiste la toile de fond idéale, défiant au maximum ses compétences d'exactitude. Après avoir aperçu la mosquée pour la première fois le 2 décembre 1888, il la visita presque tous les jours, investissant beaucoup d'efforts et d'argent pour acquérir suffisamment de matériel pour la peinture qu'il envisageait. Il fallait de l'argent non seulement pour soudoyer les gardiens de la mosquée afin qu'ils aient la permission informelle d'y dessiner, mais aussi pour payer les modèles qu'il trouvait dans les rues.